Le droit d’être Grrr

chat-mechant

Sans faire dans l’extrémisme légalisé, à l’instar de vulgaires agents de liaison (*) auxquels un droit de tuer a été accordé, Facebook nous autorise depuis peu à être méchant. Ou triste. Ou mort de rire. Bref, un peu comme le chien à qui l’on n’aurait autorisé que la position assise la patte levée et la langue pendante pendant des années (et qui aurait donc de méchantes crampes au niveau du train arrière), voici que l’on nous accorde le droit de coucher. Pardon de se coucher. Et de remuer la queue. Voire de ramener la balle si on est motivé. Encore, une cinquantaine d’émotions et on rattrapera le chimpanzé. Mazette, en voilà une révolution.

 

 

Du bon usage de l’émoticône

A vrai dire, j’écris « émoticône », mais je sais même pas si c’est comme ça qu’on appelle ces nouveaux « likes » autorisés par Monsieur Facebook.

Pour ceux qui seraient restés enfermés dans leur grotte sans Wifi depuis quelques années, il faut savoir que jusqu’à mercredi dernier les internautes n’avaient d’autres choix pour réagir à une actualité sur le réseau social de Mark Zuckerberg que « Liker » ou rien du tout. Autant dire que c’était pas glop.

Imaginez un peu la scène : votre meilleure amie vient de perdre son castor (même pas junior) et elle poste une photo de la pauvre bête enterrée dans le jardin entre la niche du chien et le plant de tomates cerise. Alors : tu likes ou tu likes pas ? Cruel dilemme. D’un côté, tu te dis qu’en likant, ça fait genre « Je pense à toi poulette » (je parle de la fille, pas du castor). D’un autre côté, en faisant ça, tu risques de lui faire comprendre que son castor, t’en avais rien à carrer (ou alors, seulement si on l’entoure de sparadrap (on me fait signe dans l’oreillette que c’est pas un hamster, gasp, Grrr)).

Désormais, grâce à Facebook, exit le problème : tu mets un superbe « Grrr » et tu lui fais comprendre que Grrr alors, la vie c’est trop injuste (surtout quand les castors meurent).

Tiens, ça me fait penser à une super blague. Quel est le castor qui navigue le mieux ? C’est le castor-à-mat.

(Vous avez le droit d’utiliser l’émoticône « Haha »).

(Ha ha)

 

Les petits nouveaux

Bon alors, ils sont où les petits nouveaux ? Et surtout : comment les utiliser ?

 

Allez, comme j’suis pas un chien – ni un castor – voici un petit guide :

 

likeLike

Définition : C’est vrai qu’on connaît le « Like » depuis vachement longtemps (et on ne le confond même plus avec quelqu’un en train de faire du stop), mais maintenant qu’il est entouré de petits camarades, il convient de l’utiliser différemment.

 

Exemple : ta copine est à Lille, il pleut, elle montre une carte météo de la France avec de la pluie uniquement sur sa tronche.

Tu « Like » ou pas ?

Réponse : Ben oui, tu like, fais pas genre t’es pas ravi quand elle est toute mouillée (lol).

 

 

like-loveLove

Définition : Il ne s’agit pas du nouveau système d’alerte défibrillateur de Facebook, mais bien d’un cœur, au sens métaphorique. Oui bon, je vais pas vous faire un dessin (quoi que c’est à peu près la seule chose que je sache dessiner mais on n’est pas là pour parler de mes talents artistiques), c’est un cœur pour exprimer que « boum, boum, je te mettrais bien quelque chose quelque part ». En fait, non. A la réflexion, je trouve que c’est assez ambigu ce « love ». Est-ce que ça veut dire « J’aime beaucoup ce que vous faites » ou alors « démonte-moi avec ton démonte-pneu » ? Franchement, si j’étais vous, j’éviterais. Sur un malentendu, on a vite fait de se retrouver pantalon baissé au fond d’une ruelle (obscure, la ruelle).

 

like-hahaHaha

Définition : Celui-là est assez facile je pense, ça permet de se foutre de la gueule des connards qui se croient comme au bistrot et déblatèrent des propos définitifs sur l’économie ou le dernier tailleur de Ségolène Royal (alors que tout le monde sait que la seule chose qu’on déblatère, c’est Sepp (**)). Donc, la prochaine fois que quelqu’un fera acte d’allégeance à Bruno Le Maire parce qu’il dira qu’il représente le renouveau, tu sauras quoi faire.

 

like-wowWow

Définition : J’ai pas trop compris celui-là, mais vu comment le bonhomme jaune il ouvre la bouche, ça doit vouloir dire qu’il suce (ou alors qu’il est assis sur un cactus). Je vois pas d’autre explication. En tout cas, c’est pas facile à utiliser. Faisons le test du castor mort.

Photo du castor mort : « Wow, tu suces » (bof, disons que ça dépend si la propriétaire était intime avec le castor, ça peut être mal interprété)

Allégeance à Bruno Le Maire : « Wow, tu suces ». Ah ben oui, tiens ça marche (cet article part en sucette).

 

like-crySniff

Définition : Bon là, c’est facile, tu le sors quand tu vois un post où manifestement le mec s’est shooté avant de poster (et qu’il lui en reste plein la narine).

Test.

Le renouveau, c’est Bruno : « Sniff » (dis donc, c’est de la bonne, non ?)

 

Eventuellement, on peut aussi l’utiliser pour certaines blagues. Est-ce que vous connaissez, par exemple, la blague de la meuf qui a la chatte qui pue l’o(i)gnon ?

Alors voilà. C’est une fille, sans histoire. Mais canon. Le genre, tu te retournes (et même que t’as envie de la retourner, elle). Le seul problème qu’elle a dans le vie, c’est que sa chatte pue l’o(i)gnon (oui je sais, c’est pas commun, mais bon, il faut de tout pour faire une ratatouille (même de l’o(i)gnon, si c’est pas une coïncidence, ça)). C’est un tel problème que dès qu’elle sort avec un homme, lorsque l’homme « descend à la cave » (pas pour chercher du vin, hein ? haha), le mec se casse en courant et en hurlant « Mon Dieu, ta chatte pue l’o(i)gnon » (évidemment, la raison pour laquelle cet homme l’appelle « Mon Dieu » restera à jamais un mystère, mais bon chacun ses problèmes, et les siens ne sont plus nos o(i)gnons). Ce phénomène la rend tellement malheureuse qu’elle s’en confie à sa meilleure amie (love -***)). Et là Paf ! Sa copine lui dit « mais ça tombe complètement bien, « lol, love, cry », parce que j’ai un ami qui a eu un accident de voiture et il a perdu l’odorat (en plus de son pare-chocs avant et de son rétroviseur central) ». Ô joie, les deux filles n’en peuvent plus d’émoticônes. La fille qui a la chatte qui pue l’o(i)gnon – et dont j’ai accessoirement égaré le prénom – rencontre finalement l’homme sans odorat – et dont le sobriquet m’échappe aussi, ah punaise c’est pas une façon de raconter une histoire. Tout se passe très bien et le jeune homme ayant une éducation et ayant été mis « au parfum » (lol), il entreprend de « descendre à la cave » (il s’en passe des trucs en bas, dis donc). Au bout de deux secondes, il relève la tête en disant « ah la vache, ta chatte, elle pue l’o(i)gnon ». La jeune fille de rétorquer « mais enfin, je croyais que tu avais perdu l’odorat ». La sentence, fatale, tombe alors de la bouche du jeune homme : « Oui, mais j’ai les yeux qui pleurent ».

Lol. Cry.

 

 

like-grrGrrr

Définition : Je vous fais pas non plus un dessin, vous aurez tout le loisir de tester ce nouvel émobidule sur ce magnifique article qui sent l’o(i)gnon (ceci dit, cela n’explique pas pourquoi le monsieur jaune a pris un coup de soleil sur le front).

 

Et alors ?

Ben oui, et alors ? Qu’est-ce que ça peut foutre ces nouveaux émoticônes ?

Je trouve bizarrement que cela va peut-être changer en bien le comportement des gens. Je m’explique (parce que là je ressemble juste à un dangereux illuminé).

Avant, finalement, poster sur le réseau revenait à concourir à une sorte d’épreuve du post le plus « likable ». Ainsi, même la plus truffe des starlettes à deux neurones se croyait légitime à casser les couilles de tout le monde, simplement parce que quand elle se prenait en selfie devant un miroir pour montrer son cul, t’avais toujours deux cent abrutis pour « Liker » (et écrire sous le post des commentaires d’une finesse à peu près équivalente à celle d’un épisode de Benny Hill (en ajoutant quelques fautes d’orthographe pour se mettre au niveau)). Mais maintenant, les cartes sont rebattues. N’importe qui de malveillant (vous, moi) pourra aller mettre des Grrr partout ou des émoticônes qui chialent pour montrer que « son cul, on en a rien à foutre, Grrr ! »

Deux hypothèses s’affrontent désormais : ça va être pire (des gens vont se tuer à cause d’un Grrr (la bonne nouvelle, c’est que ça fera quelques abrutis en moins)) ou ça va être mieux (les gens vont avoir honte au-delà d’un certain seuil de Grrr sur leur post navrant). L’hypothèse selon laquelle ça va rester pareil ne me paraît pas très crédible, parce qu’on a déjà vu des courbes s’inverser (y’en a même qui en rêvent) ou des courbes s’accentuer, mais alors des courbes qui deviennent des droites, faut arrêter l’œuf à la coke.

 

Pour ma part, étant un grand optimiste, je pense que les gens vont s’entretuer, et ainsi, dans quelques années, on devrait de nouveau être peinard sur Facebook.

 

Youhou !

 

« La seule différence entre un optimiste et un pessimiste, c’est que le pessimiste a un peu plus d’information » – Grrr.

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(*) blague réservée aux anglophiles

(**) blague réservée aux fans de foot

(***) non mais vous avez vu l’ambiguïté de cet émoticône ? Je suis sûr que vous vous êtes demandé à cet instant si elle était lesbienne. Si vous ne vous l’êtes pas demandé, sachez tout de même que je suis une thérapie depuis 10 ans et que ça commence à porter ses fruits.

 

12 réponses à “Le droit d’être Grrr

  1. Salut Jean Fab,

    tu as tout faux pour l’émoticonne ^^ Wow, car tu remarqueras qu’en fait il ou elle (et oui il y a des femmes chauves aussi) tourne la tête de droite à gauche, et donc :
    1. Ille vient de finir l’acte et reste la bouche ouverte
    2. ille récolte la semence à tous vents
    CQFD, ne me remercie pas, c’est juste encore un petit pas de plus vers la grande partouze sociale et numérique 😉
    @+

  2. Mes filles ont adoré la blague de la fille dont l’animal de compagnie félin et de sexe femelle pue l’oignon.

  3. La blague de la chatte qui sent l’oignon (l’ognon ???) me fait toujours pleurer de rire… j’ai vu les nouvelles émoticones, mais bon, ça va pas casser trois pattes à un Zukerberg ! mdr ou grrr ?

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